Az alábbi, francia nyelvű cikk a szerző L’ordre moral renversé – Le naufrage des droits de l’homme en Europe című könyvén alapul, amely a L’Harmattan kiadónál jelent meg 2023 júniusában. A bejegyzés angolul is olvasható, ha ide vagy a jobb fent található angol zászlóra kattintunk.
L’ordre moral renversé[i]
Depuis les années 1960, nous assistons à un chamboulement de l’ordre moral et du concept des droits de l’homme dans une Europe laïcisée ayant rejeté toute référence à ses racines chrétiennes qui ont pourtant forgé sa civilisation. Les droits de l’homme ont profondément changé depuis la Déclaration universelle de 1948. Voyons comment.
« Alors que les droits de l’homme de 1948 reflétaient des droits naturels, l’affirmation de l’individualisme a généré de nouveaux droits antinaturels ».[ii]
Comment en est-on arrivé là ?
C’est à la suite des horreurs de la deuxième guerre mondiale que les pays européens, de concert avec d’autres nations, ont mis en place un nouvel ordre moral basé sur des systèmes de contrôle nationaux et internationaux visant à protéger tout être humain des excès de l’État. Cette entreprise visait à renforcer les droits de l’homme au niveau supranational et rendre contraignant pour les États le respect de ces droits fondamentaux.
En dépit des démarches entreprises par certaines personnalités telles que le libanais chrétien Charles Malik, rapporteur de la Commission chargée de rédiger la Déclaration Universelle des droits de l’homme de 1948, ainsi que le pape Pie XII, en faveur du rattachement des droits de l’homme à la loi divine, ou tout au moins aux droits naturels et sacrés de l’homme, aucun des textes consacrant les droits humains – Déclaration Universelle de 1948, Convention Européenne des droits de l’homme de 1950, Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne de 2000 – ne se réfère à une morale transcendante, même si la rédaction de ces textes a été fortement influencée par le christianisme. Le pape Pie XII avait alerté en ces termes les rédacteurs de la Convention de 1950 :
« Si l’Europe veut en sortir, ne lui faut-il pas rétablir, chez elle, le lien entre la religion et la civilisation ? […] (Sans) la reconnaissance expresse des droits de Dieu et de sa loi, tout au moins du droit naturel, fond solide sur lequel sont ancrés les droits de l’homme, […] comment ces droits et toutes les libertés pourront-ils assurer l’unité, l’ordre et la paix ? »[iii]
En détachant les valeurs fondatrices de l’Europe de toute vérité transcendante, les rédacteurs de ces textes fondateurs n’ont-ils pas pris le risque que ces valeurs « deviennent folles en vagabondant toutes seules », comme nous en avait avertis au début du XXe siècle le célèbre écrivain anglais Gilbert Keith Chesterton ? C’est bien à cette dérive progressive et inexorable à laquelle nous assistons depuis plus de cinquante ans. C’est l’absence d’ancrage à une justice transcendante qui a permis la perversion des droits de l’homme devenus des droits individuels : le droit à l’autodétermination, le droit de vivre la vie de son choix, le droit de disposer de son corps qui conduit au droit de changer de sexe et d’avorter, le « droit de mourir dans la dignité » qui dans les faits signifie l’euthanasie. Tous ces droits se basent sur l’idée que chaque individu est la source de ses propres valeurs et sur le refus des limites fixées par Dieu, pourtant établies le bien et le bonheur de l’homme.
Quels ont été les mécanismes qui ont permis cette évolution ?
La Cour de Strasbourg est la garante du respect des droits de l’homme par les États membres du Conseil de l’Europe. Depuis sa création, elle a souvent été efficace pour protéger les droits naturels « inaliénables et sacrés » des individus face aux abus de l’État.
Cependant, n’étant pas fermement ancrés dans une référence morale supérieure, les droits fondamentaux ont commencé à dériver au gré des décisions des « Sages » siégeant dans les cours suprêmes. Ces Juges, qui non seulement veillent au respect des droits fondamentaux, mais qui se sont aussi octroyé le pouvoir de définir le contenu de ces droits et de les faire évoluer. « La Convention est un instrument vivant à interpréter à la lumière des conditions de vie actuelles » peut-on lire dans une publication de Conseil de l’Europe [iv]. C’est ainsi que sous l’impulsion de la CEDH, l’ordre moral a évolué vers « un ordre moral renversé ». Pourquoi renversé ? Parce que si pendant plus de mille ans d’histoire européenne l’ordre moral émanait d’une vérité transcendante venant donc d’en haut, depuis la deuxième moitié du XXe siècle se met progressivement en place une nouvelle morale venant d’en bas, déterminée par l’Individu revendiquant de nouveaux droits qui, par le mécanisme de création de la jurisprudence générée par les recours devant les juridictions supérieures, entrent dans le Temple des droits de l’homme, dont la gardienne est la Cour européenne de Strasbourg, qui s’est autoproclamée Conscience de l’Europe en 2010.
[i] Cet article est basé sur le livre de Philippe Pellet L’ordre moral renversé – Le naufrage des droits de l’homme en Europe, publié chez L’Harmattan en juin 2023.
[ii] PUPPINCK Grégor, Les droits de l’homme dénaturé, Éditions du Cerf, p. 11.
[iii] Discours du Pape Pie XII au deuxième Congrès international de l’Union européenne des fédéralistes, 11 novembre 1948. Documents Pontificaux 1948, p. 403-407.
[iv] La Convention européenne des droits de l’homme, un instrument vivant, publié par le Conseil de l’Europe, Cour européenne des droits de l’homme, août 2021, p. 7.
Nyitókép: Hieronymus Bosch, Gyönyörök kertje, forrás: Wikipedia